Category: Livres,Romans et littérature,Littérature japonaise
Chroniques de l'étrange (nouvelle édition) Details
A l'issue de la lecture de ce premier volume des Chroniques de l'étrange, l'une des oeuvres majeures de la littérature chinoise, il n'est de lecteur qui n'échappera au sentiment d'avoir perçu une voix unique en son genre. On découvre une diversité étourdissante dans ces contes fantastiques, dans ces mille et une histoires peuplées de renards et de fantômes, animées de prodiges, de maléfices et de métamorphoses, écrites par ce génial lettré du XVIIe siècle qui évoquerait plutôt pour nous un Hoffmann qu'un Grimm chinois.« J'ai constitué ce recueil en commandant au pinceau de noter ce que j'ai entendu. » En mettant au service d'une sensibilité hors du commun le charme d'une écriture raffinée, Pu Songling a su apporter à sa poursuite de l'étrange cette mystérieuse magie qui, par-delà les siècles, les continents et les diversités culturelles, nous rend étonnamment accessible un produit si profondément original de la civilisation chinoise.
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Dans ces "Chroniques de l'étrange", Pu Songling (1640-1715) nous emmène dans une contrée où les humains côtoient l'au-delà au fil du quotidien. Les renards, comme nos loups-garous, sont capables de revêtir une apparence humaine, mais ils semblent plutôt désireux de faire des farces aux vivants et de commettre de menus larcins. Quant aux spectres, c'est du sérieux, il faut s'en méfier. En fait ces petites et grandes nouvelles servent de prétexte à une critique acerbe de la société mandarinale de l'époque. Corruption, calomnies, ascensions sociales aussi brutales que la chute, souvent mortelle, lorsque l'on tombe en disgrâce, sont soulignées d'un pinceau rageur par cet observateur attentif d'une société figée dans des principes immuables. La démarche narrative consistant à utiliser la croyance en l'au-delà pour dénoncer les travers bien réels de l'humanité n'est pas sans rappeler "Le diable boiteux" de Lesage, publié à peu près à la même époque (1707). Dans ce roman célèbre, un démon était capable de voir à travers murs et toits des maisons, pour révéler ce que tout le monde souhaitait cacher. Ici aussi, humour et grivoiserie sont au rendez-vous et pimentent la lecture. Bravo également à la traduction, qui a dû représenter un effort considérable. Un travail d'édition méritoire, pour une meilleure connaissance de l'Empire du Milieu, dans sa routine quotidienne comme dans ses fantasmes éternels?
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